mardi 29 novembre 2016

18 août au 23 octobre 2016 - Kalimera la Grèce!

Le voyage pour Athènes fut plus long que prévu suite à un retard lors de notre escale à Kiev. Avant d'atterrir à Athènes, nous découvrons depuis le hublot de l'avion la topographie de la Grèce, avec ses reliefs, ses côtes découpées, ses étendues d'oliviers et ses plages. Nous récupérons nos deux vélos et nos bagages encartonnés. Il fait encore jour, le soleil et la douceur du climat nous permettent de déballer et remonter nos bicyclettes sur le parking devant l'aéroport. Il nous faut peu de temps pour réaliser que nous sommes de retour en Europe: ici, les gens nous ignorent superbement. Personne ne nous adresse la parole ou ne nous salue. Bon, l'avantage c'est qu'on arrive au moins dans le calme et que les vélos sont rapidement remontés.

Vélo Ikea
Malheureusement, personne n'a répondu à nos demandes de logement sur Warmshowers ou Couchsurfing, et les contacts que nous essayons de joindre depuis une cabine téléphonique de l’aéroport nous rembarrent. Déçus et fatigués, nous prenons le métro pour rejoindre le centre ville. Le voyage nous coûte 18 euros, soit la même somme que 500 km en taxi dans le désert ouzbèke, soit aussi un poil moins que notre budget journalier d'environ 20 euros. À l'auberge de jeunesse, dans un quartier excentré et un peu crado, on nous demande 28 euros pour 2 en dortoir! Ouch, la claque... Bon, cette fois-ci, on est bien en Europe, il va falloir être vigilants avec le budget...
Le lendemain, nous faisons un tour en ville, nous traversons le vieux quartier anarchiste juste derrière le musée archéologique, puis on monte voir la vue sur la colline au centre d'Athènes. La ville est compacte, d'un blanc uniforme, et toute en vallons. Au loin, la mer scintille. Nous traversons le centre, ses rues piétonnes et commerçantes (Ô H&M, Mango et autres Zara. ça ne nous avait pas manqué, ça, tiens...) avant de nous glisser dans le Musée de l'Acropole.

Vue de la ville depuis la colline

L'Acropole en Lego

Hermes, dieu des voyageurs
Le lendemain, Emma décide de visiter l'Acropole pour la modique somme de 20 euros (raaaah) pendant que Jonas préfère se balader gratuitement sur la colline voisine pour croquer la face sud-ouest du site. En fin d'après-midi, on fait la rencontre de deux migrants syriens, arrivés à Athènes voilà 6 mois. Dans un anglais très correct, l'un deux nous explique qu'ils attendent de pouvoir aller en Allemagne. 

Le site de l'Acropole. Il n'y a pas foule, tant mieux...

L'Erechtheion et ses drôles de dames, les Koré

Fenêtre sur cour
Entre-temps Manolis, contacté sur Couchsurfing, a répondu favorablement à notre demande d'hébergement. Il habite à Glyfada, à 10 km du centre sur la côte. Nous sautons dans le tramway pour nous y rendre. Par la fenêtre, le stade Elliniko, transformé en camp de migrants. Tentes sommaires et chaos glauque, la misère humaine aperçue du coin de l'oeil. Nous nous sentons impuissants et tristes. 

Nous resterons chez Manolis 3 nuits afin d'atterrir un peu et préparer l'itinéraire grec. Notre hôte nous emmène à la plage un dimanche, l'ambiance est vacancière. Comme sur les cartes postales la mer est magnifique, d'un bleu turquoise incroyable.

Au petit matin du 23 août, nous remercions Manolis de son hospitalité et prenons congé de lui. Après presque un mois sans pédaler nous voilà à nouveau en selle, encouragés par un petit vent de dos bien agréable. Nous longeons la côte en direction du sud, en prenant des bains de mer tous les 20 km. Tout va bien, et mieux que ça, on est heureux! En Grèce le camping sauvage est interdit, et sur cette côte très peuplée quasiment impossible. En fin de journée, nous demandons à 2-3 propriétaires de maisons pour poser la tente sur leur terrain, tous nous envoient au camping voisin. Donc ce soir-là, on termine notre balade au camping Bacchus et on en profite pour s'offrir l'apéro, petit verre de Muscat des vignes du gérant.

Le lendemain est plein de surprises. Le vent n'a pas changé de direction, nous l'avons cette fois-ci en pleine face. Au sommet d'une colline nous apercevons une grosse tortue qui traverse la route. On s'arrête pour la déposer dans le champ voisin. Elle doit avoir au moins 30 ans, nous explique un passant. Malheureusement en Grèce les tortues paient un lourd tribut à la route, comme nous allons le constater de visu plus tard...

Un beau spécimen!
En chemin à la recherche d'un coin pic-nic, nous découvrons un beau monastère orthodoxe caché dans la forêt. On s'arrête pour remplir nos gourdes à la petite fontaine et croquer un morceau. Trois moines nous offrent successivement des figues, du raisin, des pommes, de l'eau et plein de sourires dissimulés dans leurs longues et grosses barbes noires ou grises. Puis c'est au tour de l’Archevêque Stefanos de venir nous saluer, dans sa longue toge noire. Nous sommes assez surpris lorsqu'il demande à essayer le vélo d'Emma. Ni une ni deux, le septuagénaire enfourche le vélo et fait le tour de la place, dans un équilibre précaire. Il emmène Jonas faire le tour du monastère (interdit aux femmes) et lui offre au passage 1 litre de vin fabriqué par les moines. Il nous prête sa Fiat Panda pour aller prendre un bain à la mer, à 7 km dans la crique en contrebas. Nous sommes ravis. La mer est déchaînée, c'est marrant, jusqu'au moment où une méduse atterrit sur le bras de Jonas. Pendant deux semaines, il garde la marque violacée laissée par les filaments.
Le Monastère Metamorfosis de Sotiros

Voilà qui a le mérite d'être clair...

L'intérieur somptueux (qui a dit "surchargé"?) de la chapelle. Au sol, l'aigle bicéphale byzantin

L'Archevêque Stefanos se passionne pour notre voyage

Petite visite au couvent voisin
Ouch...
L'Archevêque aime qu'on lui raconte notre périple. Il nous offre la possibilité de camper sur le balcon de l'annexe prévue pour les visiteurs, entourés des vignes, des oliviers et des figuiers. Nous y séjournons 2 nuits sous un vent impossible. Le moine Ioannis, doux et si chaleureux, nous comble de victuailles tout au long de la journée. Nous savourons notre première salade grecque, avec un gros bloc de feta couvert d'huile d'olive pressée au monastère, puis Ioannis nous sert de délicieux cafés grecs. Nous reprenons la route avec un petit pincement au cœur. Ioannis a rempli notre sacoche de nourriture! Loukoums, feuilles de vignes fourrées au riz, fèves en boîte, figues juteuses, etc...

Gâtés (et gavés)  par le moine Ioannis!
Les jours suivants nous remontons la côte est jusqu'au port de Rafina afin d'y prendre le ferry pour l'île d'Eubée. Le vent venant de la direction de cette île, est toujours aussi fort. Les kitesurfers et les véliplanchistes s'en donnent à cœur joie, nous on espère avoir un peu moins de vent, une fois sur l’île. Nous débarquons au port de Marmari en fin de journée. Notre objectif est de rouler jusqu'à Mantoudi, d'y reprendre un ferry pour les îles Sporades où les parents d'Emmanuelle viennent passer quelques jours de vacances avec un couple d'amis.

Le soleil baisse à l'horizon, on monte les premiers 100 m de dénivelé pour dégoter un joli coin pour dormir. Nous nous arrêtons en plein virage, sur l'esplanade d'une chapelle. La vue sur le petit village au coucher de soleil est belle, nous choisissons de tenter l'expérience «camping-église». Personne ne nous prête attention, on est tranquille et il y a de l'eau courante, parfait. On se prépare à souper puis on dort à la belle étoile. La nuit est douce, mais pas tout à fait paisible. D'un hôtel en contrebas, la musique d'une fiesta monte jusqu'à nous, ne s'arrête qu'au lever du jour. Autant dire que nous n'avons pas trop bien dormi...

En route pour Rafina

Le petit port de Marmari, sur l'île d'Eubée

Premier "camping-église"

Pure désolation. Il y a quelques années, un feu de forêt a ravagé cette région d'Eubée
Sur Eubée, l'itinéraire se révèle relativement difficile, la topographie étant très montagneuse. Il arrive souvent qu'on descende au niveau de la mer pour devoir remonter à 1000 m d'altitude. Mais les paysages sont superbes et le bain de mer est presque quotidien. Nous traversons l'île en quelques jours, profitant des divers petits bonheurs qu'elle nous réserve. Tantôt une petite crique déserte pour y passer la nuit, tantôt un petit bourg aux produits artisanaux typiques, tantôt la vue extraordinaire du haut d'un col laissant deviner une descente de plus de 600 m. Les paysages sont très diversifiés et riches en contrastes. On savoure notre voyage.

Ca sent le bivouac de rêve, là!

Kalimera! Le plus beau spot de camping de toute la Grèce!

Verger de figuiers

C'est beau!

Aucun respect!
La côte nord-est d'Eubée

Les bivouacs se trouvent facilement

La Gréce, c'est vraiment pas plat...
Descente au niveau de la mer, suivi d'une nouvelle montée de 600 m. Les journées sont épuisantes. 

Nous sommes récompensés par des paysages et des ambiances superbes
Parvenus à Mantoudi, nous prenons le ferry qui nous dépose à 16h au port de Glossa, au nord de Skopelos. Nous avons rendez-vous avec les parents d'Emma de l'autre côté de l'île. Alors qu'on avait initialement prévu de traverser l’île à vélo, on change d'avis en découvrant sa topographie depuis le pont du ferry. On mettra les vélos dans le bus qui traverse l'île en moins d'une heure. Nous avons un peu de temps à patienter, on prend un ouzo sur une terrasse au port. Notre bus arrive. Au moment de charger notre équipement dans les soutes vides du bus, le chauffeur (un gros con obtus, soyons francs) refuse catégoriquement nos vélos, déclarant que ce ne sont pas des bagages. What the f...? Jonas insiste, perd patience, s'engueule avec le chauffeur qui lui ferme les portes au nez et démarre. On reste plantés là, déconfits, et il faudra bien maintenant traverser l'île à vélo.

Notre rage nous permet de grimper rapidement les 200 m de dénivelé pour atteindre la route côtière. Nous devons traverser les montagnes du centre de l'île pour rejoindre le port de Skopelos où séjournent les parents d'Emma. Le dernier col culmine à 900 m. On ne s'y attendait pas! Une belle étape au coucher du soleil, mais que de sueur! On arrive de nuit, claqués, dans cette belle petite ville portuaire ultra-touristique. Nous savourons de belles retrouvailles et pendant 5 jours, partageons notre quotidien. Balades, plages, bons restaurants, un passage par l'île voisine d'Alonnisos, de vraies vacances dans le voyage! Merci les parents Nater!

Le port de Glossa

Chapelle de Skopelos

Le petit port de Votsi, île d'Alonnisos

Alonnisos
Des ambiances de carte postale
Les vacances dans le voyage!

Le vieux bourg de Patitiri

Chat en pot
Quelques jours après cette parenthèse des Sporades, c'est au tour des parents de Jonas de venir nous visiter en Grèce. Nous avons rendez-vous dans le petit bourg de Zitsa, au nord-ouest du pays. Après une nuit passée au monastère de Zitsa, nous laissons nos vélos à la boulangerie du village et repartons pour 4 jours d'excursion en voiture de location. C'est bien agréable, de temps en temps, de faire du tourisme sans notre barda! Les charmants petits villages de montagne de Zagoria, les ponts de pierre, les superbes forêts d'érables et de platanes qui jaunissent progressivement, les virages en lacets... C'est de toute beauté, et par bonheur nous ne sommes pas à vélo! Nous en profitons pour visiter aussi au passage les monastères perchés de Météora. Beaucoup de belles découvertes dans cette région!

Nous avons eu la chance de pouvoir dormir au monastère de Zitsa, où Lord Byron lui-même a séjourné!

Mojito, le chien du moine

Parc naturel Zagori. La rivière Vikos

Un couvent. Une nonne seule y réside

Les Météores. Monastère de Varlaam

Un truc vert sur son caillou

Pas toujours facile de retrouver son chemin...

Pic-nic à l'ombre d'une église zagorienne

Après le départ des parents Mayor, nous restons 5 jours à Zitsa. Jonas se lève à 4h30 pour aider Kostas à la boulangerie. Il y découvre la fabrication des spécialités locales, qu'il se réjouit de préparer pour les futurs apéros à notre retour en Suisse. Pendant ce temps Emma rédige l'article sur l'Ouzbékistan. Les jours passent vite.

La boulangerie de Zitsa
Le 8 octobre, nos amis Camille et Raphael atterrissent à Athènes, pour faire une dizaine de jours à vélo avec nous! Chapeau bas, ce seront les seuls braves à passer des paroles aux actes, haha!
Nous quittons Zitsa le 26 septembre, cela nous laisse du temps pour les rejoindre aux environs de Corinthe. Quelle route prendre? Quelque soit l'itinéraire, en Grèce c'est toujours vallonné, il y a des montagnes partout. Alors on va au feeling, choisissant les routes qui nous semblent les moins empruntées. Ça descend, ça monte surtout, on traverse des petits villages oubliés par le tourisme, qui ont gardé leur charme naturel. Les paysages sont très diversifiés, c'est un vrai bonheur de découvrir la Grèce à vélo.

Entre Zitsa et la côte, des montagnes à franchir...
Il y a eu comme un petit souci, là.

"Camping-église" de luxe, la paix royale!
Au bout de trois jours nous atteignons le bord de mer à Kanali, haut-lieu du tourisme balnéaire en été. La météo est très clémente, on se baigne encore souvent, presque chaque jour. Sur les côtes, tout est très calme, les touristes ont déjà déserté les plages. Ça nous permet de discuter les prix des chambres lorsqu'on choisit de se reposer une nuit à l’hôtel. Nos nuits, nous les passons le plus souvent sous la tente. Ici, nous sommes sujets à une crise mystique, nous n'avons jamais fréquenté aussi souvent églises, chapelles et monastères! Nous y trouvons toujours un robinet d'eau, des toilettes ou une prise électrique, et on s'y sent en sécurité! Parfois, un prêtre bienveillant et généreux nous apporte bouteilles de vin, huile d'olive et pot de Nescafé...

"Camping-église" au milieu du village.
C'est ici que le prêtre nous a apporté bouteilles de vin, Nescafé et huile d'olive

Des "camping-plage" pas mal non plus. La vie est belle en Grèce.

La route longeant le nord du golfe de Corinthe est belle. Un jour nous rencontrons Claire, cycliste française avec qui nous roulons 3 jours. Les routes ne sont que peu fréquentées, on est bien. Des petits ports pittoresques, de jolies criques pour camper avec la plupart du temps une douche sur la plage, des longues montées (Delphes!) offrant des panoramas imprenables sur le littoral... Bien plus intéressant que les travaux de construction de l'autoroute entre Corinthe et Patras.

Petit port de Marathias
Des chapelles en veux-tu en voilà

C'est l'heure de l'ouzo! Santé

Le port de Galaxidi

Delphes

"Camping-église" d'altitude, à Arachova

Un magnifique lever de soleil sur Arachova

Nous rencontrons Camille et Raphael à Kineta, sur la route de Corinthe. Ils sont en grande forme, frais comme des gardons et motivés! Pédaler à 4, c'est chouette et ça nous change. Cela nous plaît de partager un bout de notre quotidien de nomades avec eux et nous leur sommes gré d'être venus sans idées préconçues, juste ouverts à cette expérience.

Chouette, notre première fondue depuis plus d'une année et demie!

Premier bivouac à 4 tout à fait bucolique, avec vue sur la raffinerie
On prend la décision de longer toute la côte est du Péloponnèse jusqu'à Monemvassia. Ici aussi, les dénivelés sont importants, mais la côte est tout aussi splendide et parsemée de jolis villages de pêcheurs... Décidément, la Grèce est le pays de tous les superlatifs. Seule ombre au tableau, et de taille, les déchets. Comme en Chine (!), les bords de route sont jonchés de détritus, les bas-côtés et les forêts servent de décharge sauvage. Il semble qu'il n'existe aucun travail/effort de sensibilisation à ce problème. Les Grecs jouissent d'une nature magnifique mais ne la respectent pas du tout, ça fait mal au coeur.

Pour rejoindre Monemvassia, il faut s'éloigner de la côte et passer un col à 1000 m. Cela nous fournit une belle étape de montagne, ponctuée par un repas dantesque dans le petit village secret de Kremasti.


Un sympathique "camping-plage" à deux tentes, à Paralio Astros

Accompagnés de Raphael et Camille, une belle brochette de cyclos!
Temps changeant par nébulosité variable

Après une journée entière de montée, arrivés à Kremasti, il fallait bien un festin pour nous requinquer!
La longue descente qui s'ensuit le lendemain est jubilatoire. Un petit jour de pause à Monemvassia pour visiter ce rocher-citadelle. C'est touristique à mort, mais tellement beau, on s'en met plein les mirettes...

Kremasti au petit matin. La météo du jour n'est pas très engageante
Shooting photo

L'une des nombreuses églises de Monemvassia

Au troisième plan, l'escalier qui monte sur la colline.

L'artisanat s'opère jusque dans la finition des maisons moyenâgeuses.
Nous terminons notre voyage à Sparte, tels de vaillants hoplites juchés sur nos vélos (oui bon, ça n'a jamais tué personne un peu de lyrisme bon marché). Les adieux sont brefs, Camille et Raphael prennent un bus pour retourner à Athènes, et nous à Corinthe, avec un petit pincement au coeur.

Vaut mieux arriver tôt pour mettre les vélos en premier, avant les valises!
Bonne route!

Notre chant du cygne grec, deux derniers jours à rouler sous la pluie pour franchir les 130 km, pas franchement folichons, qui nous séparent de Patras. En chemin, nous avons la joie de partager une soirée et une matinée avec Thomas et son amie Arina, qui ont choisi la Grèce pour leurs vacances, se disant qu'on pourrait s'y croiser!

Salut les copains!
Patras, 17h. Nous montons dans le ferry qui nous mènera à Brindisi, dans les Pouilles, délesté bien malgré nous de notre précieuse bonbonne de gaz. Un autre chapitre commence, le dernier du voyage.

Adieu la Grèce!

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