lundi 7 décembre 2015

2 au 13 novembre 2015 - Chengdu, one more day!

Le 2 novembre, il fait gris, nous quittons Pingwu en suivant la S205 qui longe toujours la rivière Fujiang. Les villages s'enchaînent sans vraiment d'interruption. Les maisons de béton sont construites selon un schéma toujours identique: deux étages, au premier se trouve un salon/garage à mobylette ou une petite épicerie et la cuisine, au deuxième les chambres. Les gens vivent pratiquement dehors, sur le trottoir devant leur maison. Au rythme des coups de pédale, on observe la vie quotidienne des gens: les femmes lavent leurs longs cheveux dans des cuvettes en plastique ou préparent le repas, accroupies devant de grands woks. On éparpille et sèche les grains de mais devant la maison; les hommes, en groupe, fument et jouent aux cartes, les vieux regardent le trafic passer... On croise des paysans à pied, courbés, portant toutes sortes de légumes dans de grandes hottes en osier.

Nous éprouvons toujours autant de difficultés à trouver un endroit où camper dans un environnement si peuplé, où l'activité humaine est si intense. La nuit tombe, on repère en contrebas de la route ce qui ressemble à une petite plage de sable, au bord de la rivière. On ne se pose pas mille questions, il fait noir, on y va! Le lendemain, nous sommes réveillés par les gueulées d'une vieille paysanne chinoise fort courroucée. Sans le remarquer, nous avons dormi sur son champ. De minuscules pousses vertes percent le sol sablonneux, invisibles la vieille à la nuit tombante. Elle menace d'appeler la police, Jonas sort un billet pour l'apaiser et la dédommager. Manque de bol, il s'agit de 100 yuans (une nuit d'hôtel en Chine), pas de coupure plus petite! La vieille embarque l'argent sans hésiter, demande 20 yuans de plus, ce qu'on refuse, faut pas déconner! A la mine réjouie qu'elle affiche par la suite, on comprend fort bien avoir dédommagé au moins 3x les 6m2 de culture que notre tente a aplatis... Bref, on repart avec un peu la boule au ventre, mais bon, ça nous servira de leçon, et puis on se dit que cette pauvre vieille dame passera une bonne journée grâce à notre billet.

A la hauteur de Shantiegou, nous repérons à notre gauche une superbe vallée encaissée. Vérification sur le GPS: la route s'interrompt au bout de quelques km. Nous décidons quand même de tenter notre chance et de quitter la S205, la beauté du lieu nous attire et on se dit que la route doit bien rejoindre d'une manière ou d'une autre Wuduzhen. Nous réalisons que cette vallée fut entièrement inondée par un barrage. De petites routes descendent à pic dans l'eau, les poteaux électriques émergent étrangement de la surface. C'est un spectacle surréaliste et poétique. Nous imaginons l'ampleur de la transformation que la construction du barrage a occasionnée, autant pour les habitants que pour l'environnement. A vélo nous savourons toutefois cet itinéraire improvisé, il n'y a pratiquement pas de circulation et nous nous régalons du chant des oiseaux, des petits bruits de la forêt, des clochettes des chèvres... Les panneaux nous rendent attentifs aux possibles chutes de pierres, c'est plutôt au décrochement de parois entières qu'il faudrait veiller! De gros blocs sont éparpillés ça et là sur la route, on prie pour ne pas s'en prendre un sur le coin du crâne!

Nous restons sans voix face à ce paysage splendide bordant la route...


Impressionnante sensation d'être tout petit, la végétation est de plus en plus dense,
nous dormons au sommet de la roche sur la droite de la photo
Un peu de sécurité, on met le casque, au cas où la paroi décrocherait!
La route suit les contours du "lac" formé par la rivière, on se rappelle des fjords norvégiens.

Ici les villages sont très loin des grands axes, la population est vieillissante, la jeune génération a émigré en ville.


Au détour de la vallée se dresse la construction d'un Grand Hôtel ****, on se demande pour quelle clientèle?

Au bout de 15km, la route n'est plus goudronnée. Qu'à cela ne tienne, la Mongolie nous a habitués aux pistes les plus chaotiques. Après un bivouac bien humide, nous pédalons dans la boue due aux pluies de la veille. La vallée prend des airs de fjord, les bras du lac artificiel épousant les contours de la montagne.
La photo ne rend pas l'ambiance de cité Inca perdue dans la jungle :D

Quel confort cette poche à eau, ce minet aurait bien pu nous accompagner...

Parvenus à la hauteur du barrage, nous observons la plaine industrielle qui s'étend à perte de vue, en contrebas. Nous entamons la descente à contrecoeur. Des kilomètres d'usines, désaffectées ou en activité, mènent à la ville de Wuduzhen. Après la nature sauvage, nous voici en plein coeur de la sauvagerie industrielle humaine, bruit assourdissant, étincelles jaillissant du ventre noir des usines, métal rouillé et vitres brisées, gazoducs... On avale vite fait des nouilles puis on pédale encore jusqu'à Jiangyou. C'est un petit bout d'enfer pour cyclistes, le trafic est si intense, camions, voitures, trotros les plus divers, nos poumons suffoquent sous les gaz d'échappement, les klaxons nous défoncent les oreilles, le paysage est une suite d'industries, de centrales nucléaires et de carrières... Le "Côté Sombre" de la Chine... C'est décidé, nous rejoindrons Chengdu en bus depuis Jiangyou.


C'est donc cette immense barrage qui retient les eaux de la rivière Fujiang et a noyé pareillement la vallée...

Après deux jours de brousse, nous n'apprécions guère nous retrouver dans pareil trafic routier

Avant de prendre le bus à Jiangyou, un nettoyage au Karcher de nos bécanes leur redonne une nouvelle jeunesse

A Chengdu nous sommes reçus par Gökben et Nicolas, un couple de cyclotouristes qui, après de longs mois de voyage, a décidé de s'établir dans cette ville pour une année. Nous découvrons une vraie communauté de voyageurs à vélo! Un soir nous ne sommes pas moins d'une dizaine de voyageurs dans l'appartement, c'est fou! On se sent bien au sein de cette petite famille, nous partageons quelques beaux moments en la compagnie de Gökben et Nico et de Charlotte et Eric. Nous allons visiter le parc aux pandas, regardons des films le soir venu (ça faisait des siècles qu'on n'avait plus vu de film!), dégustons un hotpot (la "vraie" fondue chinoise), préparons d'excellents petits déjeuners improvisés avec crêpes et autres croûtes dorées (pains perdus). La rencontre avec ces gais lurons nous offre le sentiment d'appartenance à un groupe ayant le même mode de vie, celui de l'itinérance à vélo. On se raconte nos expériences, échangeons nos blogs. Le feeling passe si bien qu'on souhaiterait se retrouver sur la route afin de partager nos aventures à 4 vélos.

Nous découvrons au fil des kilomètres des saveurs différentes

Lapin laqué saupoudré de sésame (j'en ai pas mangé, en la mémoire de Léonard!)

Séance de TaiChi dans un parc, en plein-air

Thé et jeu de cartes dans une galerie d'art

Tea House

Calligraphie à l'eau sur le trottoir

Dimanche après-midi, les chinois profitent de leur seul jour de soleil de la semaine au "People's Park".

Et ça danse dans le People's Park

Jonas en a marre de ses gants troués. Le service d'un couturier local ne manque pas de professionnalisme.

Hot Pot, entre potes voyageurs!

Premier faux départ - démotivés par la pluie. MERCI Charlotte - Eric - Nick - Nico - Gokben!
Germaine, une poule plutôt sexy

La nurserie des pandas. Ils sont trop chous ces bébés poilus

Captivés par la naissance des pandas en couveuse rediffusée sur un écran TV

Un autre bébé panda!

Laissez-moi manger tranquille, voyons!

Ne manquez pas l'onglet "un petit coup de pouce"!

Voici d'où vient l'appellation Firefox!

Un couple bien mignon se selfie à qui mieux mieux.

Le beau sourire d'une employée du Parc

Un employé du Parc

Course d'école accompagnée par l'armée?!

United Colors of Panda

Ambiance citadine, les pistes cyclables font ménage commun dans le trafic, on se sent en sécurité.

Nous nous sentons si bien accueillis que de quitter cette communauté nous paraît bien difficile... Il nous faudra un ou deux faux départs avant de parvenir à reprendre la route, et ce malgré les multiples tentatives de Jonas pour rester :P ("Ho zut! J'ai perdu mon sac en soie, je dois le retrouver")

Des au-revoirs généreux et plein de souhaits nous accompagnent sur la longue traversée de Chengdu pour atteindre la gare des bus... A la revoyure les Amis!!

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