samedi 18 juillet 2015

8 juillet au 13 juillet - MOCKBA : Ville de contrastes à la population accueillante



Cathédrale St-Basile le Bienheureux
Nous survolons Moscou, piste d’atterrissage en vue, la descente est rapide. A 20h30, l'aéroport de Sheremetievo semble déserté, nous devons rejoindre maintenant le centre à 30 km de là ! Notre hôte nous avait préalablement mis en garde contre les chauffeurs de taxis et leurs arnaques, en nous proposant de faire appel à des compagnies indépendantes, disponibles sur les applications pour téléphone portable. La connexion WIFI de l'aéroport est trop faible pour les contacter. Les taximans voient que nous rencontrons des problèmes, nous abordent pour proposer leurs services à des prix prohibitifs. Nous discutons sans nous mettre d'accord, ils demandent 4500 roubles (75CHF) pour nous conduire au centre!

« Pour vous, il faut un minibus ! »

Jonas, agacé par la situation, va demander à des locaux attendant patiemment l'arrivée de leur fils: «Dobry dien, sorry, do you speak english?»

S'ensuit une discussion sur les différents tarifs de taxis, trains, métros, etc. Le Russe nous propose d'appeler une compagnie de taxi indépendante. Après quelques téléphones, notre homme providentiel nous obtient une voiture spacieuse pour rejoindre notre hôte devant la porte de son immeuble, pour la somme de 1700 roubles. Spassiba !

A 22h30, nous sommes accueillis par Arseniy, un jeune homme de 24 ans, à la rue Verkhnaya Krasnoyelskaya. Après avoir monté nos affaires au 5ème, nous partageons le souper afin de faire connaissance. Nous dormons dans sa chambre, dans un appart qu'il loue en colocation avec 2 autres gars du même âge. Diplômés et fraîchement employés, leur emploi du temps nous semble assez particulier. Il se couchent après 2h du mat et se lèvent entre 8h et 12h, pour partir on n'sait où, sac à dos sur l'épaule…


Pendant 5 jours nous visitons Moscou, remontons nos vélos, allons chercher des pièces de rechange au marché des vélos (pneus 2 pouces pour Jonas, potence et rayons pour Emma), sortons en compagnie d'Arseniy, allons acheter nos billets de transsibérien. Nous sommes subjugués par cette ville au passé si mouvementé. Nous marchons des kilomètres le nez en l'air, à contempler tel ou tel monument historique, dont de nombreuses statues de dictateurs communistes, ceux-là même qui ont tant fait souffrir leur peuple. C'est à se demander pourquoi tant de remémoration de ces hommes. Ce passé très lourd est encore si palpable ici...















Notre guide ne s'appelait pas Nathalie, mais Arseniy!





La Bibliothèque Lenina. Ca rigole pas!

La ville, très cosmopolite et universitaire, offre de grands espaces verts pour pratiquer ses loisirs, prendre l'air, savourer une orangeade ou un café à la fraîcheur des arbres et des petits étangs aménagés en plage de sable fin. Nous traversons le plus célèbre parc de Moscou, dont le nom est un hommage à l'écrivain Maxime Gorky. Durant la période soviétique ont été installés des hauts-parleurs qui diffusaient les discours des dirigeants communistes dans tout le parc.
Une chanson revient à l'esprit de Jonas : « I follow the Moskwa, down to Gorky Park, listening to the Wind of Change » (on a les références qu'on a :P). Ce parc, aux abords de la rivière Moskva, a inspiré aux Scorpions ce « magnifique » slow des années 90.

En déambulant dans ces espaces verts, on ressent un nouveau souffle de jeunesse et de fraîcheur. Les gens semblent heureux, profitent pleinement des infrastructures mises à disposition pour pratiquer leurs loisirs en plein coeur de Moscou. Skate, roller, vélo, footing, pétanque, plage et barbotage, foot, jeux d'eau sous les jets d'arrosage des jardins botaniques, repos à l'ombre d'un arbre, bécotage et bancs publics, tout est libre.
 











Une jeunesse libre, sous l'oeil de ce vieux Lénine




L'ambassade de France


La sécurité est pour le moins très présente partout en ville, aux abords des lieux touristiques, dans les gares et le métro. Plusieurs hommes aux uniformes allant du kaki au bleu clair, coiffés de couvre-chefs démesurés, ou à l'inverse, tout plaqués sur des crânes rasés au millimètre. On sent les reliques d'un passé contrôlé, où tout était calculé, observé, fliqué. Ca nous interpelle. A chaque entrée de métro, nous devons traverser un portique de détection de métaux. Nous comprenons plus tard que la sécurité est présente pour inciter les gens à rester calme et ne pas faire un pet de travers, mais en réalité les gens ne se font que rarement contrôler, confisquer ou saisir.
Nous avons tout de même bien flippé lorsque notre ticket de métro acheté pour plusieurs passages a fait sonner le portique. Emmenés direct sur le coté, le sac déposé dans un scanner pour un contrôle personnel. Nous rachetons un billet, récupérons le sac et reprenons le cours de notre déambulation. A la maison, Jonas retrouve le billet valable pour plusieurs courses au fond de sa poche arrière de pantalon ! Arrrrr ! On ne dira rien !

Le métro circule sur 10 lignes dont les rames passent à une fréquence de 2-3 minutes, ça roule vite et la distance entre chaque arrêt est relativement longue, cela nous donne une idée de la taille de la ville. 10 millons d'habitants, pour 13 millions en journée. Ce ne sont pas les touristes qui font la différence, mais les personnes qui viennent chaque jour de la périphérie de Moscou pour y travailler. Il leur faut plus d'une heure chaque matin pour rejoindre leur place de travail.



Le samedi soir, Jonas participe à la plus grande concentration de cyclistes de sa vie ! Des milliers de deux-roues se sont donné rendez-vous pour la Vélo Parade de Moscou by night. Un parcours d'environ 20 km dans les rues du centre de la ville est tracé pour favoriser l'intégration des vélos dans le trafic urbain. Il y a seulement 10 ans que la 1ère piste cyclable a vu le jour. L’intérêt de ces actions massives, est d'introduire les vélos et démontrer que ses utilisateurs sont très nombreux et souhaiteraient dorénavant aussi appartenir à la circulation citadine. Pour ce faire, les forces de l'ordre, accompagnées de camions, bus et autres engins de travail barrent les carrefours afin d'interdire toute circulation motorisée, sur certains tronçons. C'est très très impressionnant! Il y a eu des milliers de cyclopèdes, au même moment, traversant les boulevards à 7 voies, devant le Kremlin, par exemple. Un vent de changement souffle sur la ville…


Jonas participe à la plus grande Critikal Mass de sa vie. 

La veille du départ, Arseniy nous accompagne au guichet de la gare où circulent des trains longue distance, pour y acheter nos sésames pour le transsibérien.
Mais ce n'est pas si simple d'acheter un billet, dans ce pays à l'administration tortueuse. Une heure a suffi pour avoir gain de notre patience, après une succession de 5 guichets, où les fonctionnaires se contentent d'être à leur place de travail sans en faire plus. Parler anglais ne fait pas partie de leurs attributions. Nous avons les billets et la contremarque pour les vélos. Nous voyagerons en 2ème, la 3ème classe étant complète. Avec un peu de regrets, nous sommes résignés à cette solution. Nous aurions bien aimé vivre ces 4 journées de voyage dans le bain populaire de la 3eme classe.

Cyclomarket, avec Arseniy
Lundi 13 juillet, 5h30, Jonas n'arrive plus à dormir. Toute la maisonnée dort. Sans bruit, il change ses pneus, ajuste ses pare-boues pour le passage des nouveaux pneus plus larges, sans en faire trop. Dans quelques heures, il faudra redémonter les bicyclettes pour les empaqueter une nouvelle fois pour le voyage en train.

11h, passage à la poste pour renvoyer en Suisse les pneus qui ne serviront plus. Là, à nouveau, heureusement que notre jeune Moscovite est avec nous. Nous parvenons, moyennant une attente d'une demi-heure, faire cet envoi postal. Bref, à midi, nous remercions pleinement Arseniy pour son aide des plus dévouées et son accueil chaleureux et généreux.

12h30, en gare de Iaroslavski, nous recherchons notre train sur le panneau d'information. Il est bien là, inscrit en lettres lumineuses, mais son emplacement n'est pas spécifié. On est trop en avance. Nous découvrons la zone dédiée aux lignes longue distance. Jonas commence à remonter les cartons légèrement ramollis par le voyage en avion. Emma s'occupe d'aller faire 2-3 courses pour notre voyage de 4 jours. Nous prenons la peine de démonter roue, guidon, selle et de tout emballer.
Arrivés sur le quai, voilà que les provodnistas font des grands yeux et s'excitent : nos vélos sont trop encombrants, il n'est pas possible de les mettre ainsi dans le train, (alors que nous avons acheté un billet « bagage supplémentaire » indiquant CYCLOPEDA), nous n'avons qu'à nous débrouiller avec ces bagages à la taille démesurée !
Nos porteurs, trouvés aux abords des quais avec leur chariots, s'échauffent à faire comprendre notre requête au personnel du train. Il n'y a désormais pas de place prévue pour nos vélos. On avance à toute bombe, jusqu’à notre wagon, sur le quai, embarqués de nos bagages, le train va bientôt nous filer entre les doigts. Les ennuis se sentent à plein nez !

Les porteurs embarquent nos vélos dans nos cabines, voilà, débrouillez-vous ! Ils nous demandent de les payer. Nous sentons être des porte-monnaies sur pattes, avec notre faciès occidental et nos passeports Suisses flambant neufs, ils exigent l'équivalent de 100.- suisses ! On est estomaqué par l'énormité de l'arnaque. Même le personnel du train les prennent pour des fous. On s'en sortira avec le quart du prix demandé, ici commence le marchandage !

On est parti !

Quai de Moskou, en route pour 4 jours et 4 nuits de train

vendredi 17 juillet 2015

28 juin au 8 juillet - La Bohème, ça voulait dire on est heureux… (ok elle était facile celle-là)

Nous prenons congé de Christine et hop, en route direction la « Böhmerwald » et le Moldaustausee! Pas si facile. Il nous faudra pour y parvenir vaincre une interminable montée en plein soleil… arrivés au sommet (5km) du col, la pente affiche 15 %!

Nous passons la frontière comme de rien et découvrons le lac, sauvage et romantique. A l'embarcadère attendent déjà quelques cyclistes tchèques. Nous ne comprenons plus la langue; un repère de moins, une impression de voyage en plus. 







De l'autre côté de la rive, nous posons notre tente au camping « Bohemia », tout au bord de l'eau. La nature nous fait cadeau d'un magnifique coucher de soleil, nous savourons l'instant, installés comme des papes.

Le syndrôme Calvin

Surfin' USA (ou presque)


 


La première route cyclable que nous empruntons le lendemain nous mène sur un sentier quasi impraticable: arbre mort qui nous barre le passage, rivières à traverser à gué, chemin de gros cailloux, petite sente quasi invisible au milieu des herbes folles; la totale. Bienvenue en Bohème !

Passage à gué
L'après-midi nous découvrons la belle ville médiévale de Cesky Krumlov, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco. On dîne, on flâne, on déguste un Trdelnik au Nutella…









L'atelier d'Egon Schiele
 
 
Mais l'heure tourne, il va falloir aller faire 3 courses, trouver de l'eau et un coin pour camper. Nous suivons la piste cyclable qui nous sort de la ville par une belle et exténuante montée. Nous passons dans une zone industrielle aux bâtiments sinistres et presque désaffectés, poursuivons la route en longeant une paroi interminable de tôles rouillées. On ne se sent pas très à l'aise… Nous découvrirons plus tard que là-derrière se cache une caserne militaire laissée à l'abandon dix années auparavant, un gros projet de réaffectation du terrain est en cours. Ce ne sera pas là qu'on va poser notre tente, avançons un peu!

Good Evening, Guten Abend, «Pourriez-vous nous remplir notre poche à eau, et peut-être nous indiquer où il serait possible de planter notre tente pour y passer la nuit ?» Cela a été la formule magique qui nous a permis de dormir confortablement dans une chambre avec douche et cuisine privative. Les regards méfiants et surpris de ce couple jardinant autour de leur maison, se sont transformés en sourires lorsqu'ils nous ont découvert avec nos montures et nos politesses étrangères. Le lendemain, après une nuit bien reposante, nous reprenons la route aux alentour des 9h. L'été commence, enfin, à nous régaler de soleil et chaleur.

Après des heures de rouspétage contre les pistes cyclables inadaptées à notre convoi, nous arrivons à l'heure du dîner à Cesky Budejovice (Budweis pour les connaisseurs). Nous arpentons les rues pavées de cette cité médiévale afin de dénicher un pic-nic que nous savourons dans la fraîcheur d'un parc longeant la Vltava (repos seulement troublé par l'irruption de deux Mormones américaines en mission).
Il nous faudra bien deux jours pour réaliser que cette rivière que nous suivons n'est autre que la fameuse Moldau célébrée par Smetana.

Arrivée à Cesky Budejovice
 

La place centrale de Cesky Budejovice. Pas d'ombre!
Reprenant la route, nous roulons à travers la campagne tchèque. D'immenses champs s'étendent de tous côtés, le paysage est peu diversifié. La température commence à devenir caniculaire. Nous nous rendons compte que les pistes cyclables tchèques servent surtout à tenir les vélos éloignés du trafic, pas à les faire passer par des lieux d'intérêt ou leur simplifier la tâche. Que de montées et descentes ! Avec cette chaleur, c'est tuant!

 
Au camping hollandais de Kostelec
Patricia elle est pour toi celle-là
 

Tyn nad Vltavou
Bechyne
 







Les belles façades de Bechyne
 

Un drôle de champ

Nous avons rendez-vous avec Lisa à Prague le vendredi 3 juillet, nous décidons de prendre le train à Strezimir pour nous épargner la banlieue praguoise et arriver à temps au rendez-vous.

La gare internationale de Strezimir
Prochain arrêt: Petaouchnok Benesov


Prendre les transports publics avec nos vélos est toujours un exercice épique. A Benesov, nous loupons de peu la correspondance pour Prague. Nous embarquons dans le train suivant, puis apprenons par le contrôleur que le train ne peut joindre la gare principale de Prague à cause d'un accident (ou autre chose ?) et qu'il nous faudra descendre à un arrêt quelconque dans la banlieue, prendre un bus jusqu'à la première bouche de métro, puis le métro jusqu'à la gare… Bref, on vous laisse imaginer le tableau: deux vélos surchargés, deux cyclistes claqués, cuits par la canicule et au bord du burn-out, et une foule de gens en rade se rendant au même endroit que nous :P

Finalement, et avec plus d'une heure de retard, nous retrouvons avec soulagement et beaucoup de joie Lisa à la gare centrale de Prague. Magie des moyens de communication actuels ! Lisa a réservé une chambre dans une sympathique pension tout près de l'arrêt de métro I.P. Pavlova. Nous découvrons la ville en sa compagnie pendant tout le week-end, sous une chaleur écrasante. Nous savourons des saveurs locales (du genre grasses), ainsi que des cafés glacés, à l'ombre de calmes terrasses. Nous remercions Lisa de sa généreuse présence qui nous a permis, à nous deux, de vivre une nouvelle dynamique de couple, le temps d'un week-end. Cela nous a fait le plus grand bien.

Emma raconte son premier mois de cyclovoyageuse

Prague et les touristes


Ptite tête



Lisa reprendra l'avion dès lundi ; quant à nous, nous choisissons en définitive de prendre un vol pour Moscou plutôt que le train, pour à peu près la même somme mais avec une durée de voyage de 2h30 au lieu de 27 !

Avant cela, il faut aller chercher le fameux paquet de pièces de rechange envoyé par la maman de Jonas en Poste restante, à un office de poste en périphérie de Prague. Emma, déjà à bout de nerfs face à l'impossibilité de communiquer avec les fonctionnaires tchèques, laisse Jonas se saisir de la tache et s'occupe plutôt de la lessive. Jonas revient, cinq guichets et deux bonnes heures plus tard, crevé et transpirant, avec le paquet attendu depuis 1 mois avant le départ. Itinéraire du colis : Allemagne – St-Gall – Yverdon – St-Gall – Scuol – Oron-la-ville – Prague poste centrale – Prague Prezenska. Les pièces sont en bon état !

Mercredi midi, au moment de quitter la ville, il nous faudra essayer trois bus pour réussir à embarquer nos vélos direction l'aéroport! Les deux premiers conducteurs étant totalement hermétiques à l'idée de prendre des vélos dans leur bus, on aborde le troisième en sortant directement 200 couronnes tchèques au lieu des 120 que coûtent 2 billets. Le conducteur accepte, voici notre premier « bakchich » du voyage…


Arrivés à l'aéroport, il s'ensuit une longue et harassante course contre la montre dans le terminal pour démonter les vélos, les mettre dans des cartons, emballer sous plastique toutes nos sacoches en un monstrueux tas informe, déballer le gros tas informe trop encombrant, pour le séparer en deux tas informes plus petits, laver aux toilettes les bouteilles ayant contenu l'essence de notre réchaud à la demande du security check… Bref, nous montons dans l'avion peu après le « last call », les portes se referment derrière nous… Ouf ! 2h30 pour respirer !

Tout est empaqueté,  reste plus qu'à payer le surpoids